L’attitude catholique étonnamment positive sur le sexe et l’amour

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Happy young couple embracing

Nous n’avons pas une source d’énergie pour le sexe et une autre totalement séparée pour la vie spirituelle. Notre capacité d’amour est ce qui motive toutes nos envies les plus profondes. (Photo: Hian Oliveira, Unsplash)


Il peut sembler contre-intuitive qu’une religieuse écrive sur l’amour et le sexe. Je ne prétends pas en être experte. Mais, n’importe qui qui a essayé de vivre la vie de célibat avec intégrité pour la plupart de sa vie adulte a dû confronter des difficultés avec la maturité sexuelle. Nous sommes confrontés au défi de comprendre l’interface entre le désir, l’amour, le besoin d’intimité et l’attitude de notre culture vis-à-vis le corps humain. Pour nous aider avec ces défis, nous avons connaissance de la position de l’église catholique sur l’amour et le sexe.

La présomption du grand public est que l’église pense que le sexe est mauvais et considère la sexualité principalement un problème plutôt qu’un don. Ceci ne pourrait pas être plus erroné. En fait, l’église prend le sexe beaucoup plus au sérieux que les médias ou la culture populaire. Pour l’église les relations sexuelles ne sont pas une forme de divertissement, une affaire de mode, ou le soulagement d’une démangeaison. L’église ne considère la sexualité que dans le contexte des relations humaines et divine, et dans ce sens l’église affirme une attitude très positive du sexe.

La catéchèse de l’église catholique dit, « La sexualité est une source de joie et de plaisir, » et dans le Gaudium et spes du Vatican II, l’église a déclaré : « Les actions dans le mariage par lesquelles un couple est intimement et chastement uni sont nobles et louables. Exprimées d’une manière qui est véritablement humaine, ces actions promeuvent ce don de soi-même par lequel les époux s’enrichissent mutuellement avec une volonté facile et joyeuse. »

L’église met en garde contre l’expression des désirs sexuels qui font que nous pensions à nos corps—les nôtres ou ceux des autres—d’une manière déconnectée et instrumentale. Si nous ne nous concentrons que sur des parties isolées du corps humain comme producteurs des sensations et la satisfaction, c’est comme si une personne toute entière n’était pas impliquée. C’est ceci la différence entre l’amour et la luxure.

On pourrait appeler saint Augustin le saint patron du désir. C’était lui, après tout, qui a prié: «Seigneur, donnez-moi la chasteté, mais pas encore. » Certains l’ont accusé d’avoir répandu une version misérable du christianisme qui haïssait le sexe, mais dans un sermon célèbre il a aussi dit : « La vie entière d’un bon chrétien est le saint désir. Ce que tu désires tu ne peux pas encore voir. Mais le désir te donne la capacité, pour que, quand il arrive, tu puisses voir que tu seras rempli….ceci est notre vie, être motivé par le désir. »

Augustin pense que tout désir s’enracine dans Dieu, qui est l’origine de notre entière capacité humaine d’aimer et qui est le but ultime de tout notre amour. Il pense que tout type de désir vicieux est un oubli toxique et autodestructeur de notre but et objet authentiques qui est de refléter, dans la façon que nous nous aimons et aimons les autres, la façon dont Dieu nous aime.

Nous nous détournons du mieux quand nous percevons et traitons les objets inférieurs comme des marchandises que l’on saisit, possède et exploite seulement pour la gratification. Quand nous sortons les choses de leur propre contexte, elles deviennent destructives. Un propre contexte ici veut dire que notre désir sexuel demeure lié à l’amour authentique et à l’intimité. L’amour de Dieu n’est pas opposé à eros (l’amour sexuel) mais le comprend.

Sister Clare Ehmann, S.S.J. with a guest at St. Joseph’s Northside, a neighborhood drop-in center in Rochester, New York.
Ceux qui sont appelés à la vie religieuse ont besoin d’un grand cœur, capable d’aimer généreusement. Dans la photo nous trouvons Sœur Clare Ehmann, S.S.J. avec un invité à St.Joseph’s Northside, un centre d’accueil du voisinage à Rochester, New York. (Crédit photo :  Dave Esposito, gracieuseté des Sisters of St. Joseph de Rochester, N. Y.)

Nous pouvons partager cet amour si nous sommes à la fois des donneurs et des preneurs. Celui qui cherche la gratification sexuelle par elle-même n’est qu’un preneur. Dans ce sens, la luxure est opposée à l’amour, y compris l’amour érotique. En soi, si nous nous concentrons sur des parties isolées du corps humain pour la production des sensations et des satisfactions, c’est comme s’il n’y avait pas une personne toute entière impliquée.

Oui à une soif de vivre

Une illustration remarquable de ceci se trouve dans le film anglais de 2011 « Shame » dans lequel le personnage principal, Brandon, est un drogué du sexe profondément malheureux. Ce qui est vigoureusement transmis dans ce film sombre et puissant c’est l’ennui et la banalité d’une vie esclave de la luxure. La répétition sans fin et les variations de l’acte sexuel ne peuvent pas lui apporter de l’épanouissement. L’intimité centrale, la joie et le risque de donner et de recevoir mutuellement, lui manquent.

Dans les Exercices Spirituels, saint Ignace a quelques remarques sur le désir. Selon Ignace, l’amour mène à une soif de vivre, un bonheur et une joie dans les dons et les grâces de Dieu (ce qui comprendrait notre sexualité et notre capacité pour l’intimité) dans lesquels nous nous réjouissons. Ignace encourageait les gens à vivre la vie avec passion et dans une partie de chaque exercice nous demandons à Dieu ce que nous désirons. Notre problème, d’après lui, n’est pas que nous avons trop de désirs mais que nous en avons trop peu ou, du moins, que nous vivons souvent avec un bas niveau de désir qui n'est pas entièrement humain.

Le vœu religieux de chasteté ne s’agit pas de la suppression du désir mais de son orientation vers la source et le but de tout désir humain—Dieu. Pour certaines personnes, ce lien profond avec nos êtres désireux feront qu’elles tombent amoureuses de quelqu’un et voudront une relation engagée et intime avec cette personne, et cela est une vocation sainte et divine. Pour d’autres, Dieu sera le début et la fin de leurs désirs les plus profonds. Dans ce sens, la vie religieuse demande que nous soyons des gens de passion.

L’amour est plus grand que le sexe

Les discussions sur l’amour sont souvent monopolisées par un accent sur l’amour sexuel. Bien que ceci soit facile de comprendre, ce n’est pas l’histoire complète. L’amour sexuel est une dimension, une expression de l’amour qui est destiné à être au cœur de nos vies. La clé d’une vie réussie est d’aimer Dieu en aimant les gens.

Quand quelqu’un me dit qu’il pense devenir un religieux, je me dis, a-t-il de l’expérience dans des relations stables et amoureuses? Est-il ouvert à des relations amoureuses et engagées avec toutes sortes de gens, y compris ceux dans le besoin? Il faut que tu aies un grand cœur pour être un religieux.

La vérité est qu’on a besoin d’avoir un grand cœur pour être un chrétien de n’importe quelle sorte. Nous établissons un lien authentique avec Dieu pour autant que ce lien porte fruits dans l’amour de « l’autre. » Aimer Dieu vient en soi avec des impératifs moraux.

Saint Ignace et saint François d’Assise, les deux, ont passé beaucoup de leurs jeunes vies en fantasmant sur l’amour romantique. Sainte Thérèse de Lisieux a été élevée égoïste et gâtée. Pour chacun d’entre eux, le fait de tomber amoureux de Dieu impliquait une libération pour pouvoir aimer d’une manière plus profonde et plus large qu’ils ne s’étaient jamais imaginée.

La fidélité à long terme

Les gens aspirent à l’intimité. Ça fait partie d’être humain. J’ai rencontré beaucoup de gens qui sont désespérément solitaires qui ne manquent pas de partenaires sexuels. Ils ont du sexe mais ils n’ont pas la proximité affective de l’amitié ou de la vraie intimité. Une manière d’honorer notre besoin d’intimité est de traiter toutes nos relations, romantiques et non-romantiques égales, comme des relations à long terme. Vivre dans une communauté religieuse m’a appris la valeur immense d’être fidèle aux amitiés, y compris celles qui ont requis beaucoup de travail. Connaître quelqu’un pendant très longtemps, être à son service quotidiennement par de petits gestes et lui tenir la main quand il meurt—ça c’est la vraie intimité.

Nous n’avons pas une source d’énergie pour le sexe et une autre totalement séparée pour la vie spirituelle. Notre capacité d’amour est ce qui motive toutes nos envies les plus profondes. Comme le prêtre jésuite Pedro Arrupe a écrit : « Rien n’est plus pratique que de trouver Dieu, que de tomber amoureux d’une manière absolue, finale. Ce que tu aimes, qui te saisit l’imagination affectera tout. Il va décider ce qui te fera te lever du lit le matin, ce que tu feras avec tes soirées, comment tu passeras tes fins de semaine, ce que tu lis, qui tu connais, ce qui te brise le cœur, et ce qui t’émerveille avec joie et gratitude. Tomber amoureux, rester amoureux, et cela décidera tout. »

Une version de cet article est apparue originalement en Vision 2016.

Sister Gemma Simmonds, C.J.
Sœur Gemma Simmonds, C.J., est membre de la Congregation of Jesus. Elle est membre de la faculté de la Margaret Beaufort Institute of Theology, Cambridge, U.K., en tant que directrice de la Religious Life Institute.

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